Beni : quelques filles déplacées de guerre se livrent au commerce du sexe à Kasindi (Billet de Paul Zaïdi)
En effet, depuis quelques jours le sort des jeunes filles qui ont fui la crise sécuritaire dans les zones sous contrôle du mouvement M23-AFC pour se réfugier au pied du mont Ruwenzori continuent à défraie la chronique.
Pour survivre, pour la plupart délaissées à elles-mêmes, se voient obligées de se lancer à un mode de vie hors du commun. Plusieurs en l’occurrence se sont lancées dans la prostitution. Ceci, sous le regard impuissant de leurs proches qui jouent parfois les sentinelles pendant ces moments.
L’histoire n’est pas la même d’une fille à une autre. Mais le point commun est qu’elles sont soumises à une triste réalité du débrouillage et ne peuvent faire autrement pour gagner du pain au quotidien. L’on se demande si elles auraient été obligées de vivre cette tragédie si le calme régnait encore dans leurs régions d’origine.
Le niveau de prostitution observé dans l'entité de Kasindi-Lubiriha notamment dans les maisons de tolérance (QG) dans les quartiers Majengo à Kimuti, Congo ya Sika, Lumumba, Vuthalevekwa, Kiduduma et Kamirongo ainsi que singulièrement dans les zones où la commercialisation du cacao continue notamment à Nzenga, Mwenda et Halungupa est fortement déplorable.
L’absence de la sécurité sociale et la banalisation de la dignité humaine en vogue chez nous sont les principaux propagateurs de ce vice qui continue de trouer le tissu social. Ces filles vouées aux moeurs faciles rabaissent le prix d'un coup jusqu'à 5 000 Franc congolais soit (1.72 USD).
Dans cette allure folle l'utilisation de préservatifs est en tous cas facultative augmentant systématiquement, le risque de la contamination des infections sexuellement transmissibles (IST), à celà s'ajoute sans nul doute les grossesses précoces.
Les conséquences sur la qualité de notre société dans les années à venir sont graves. Malheureusement, on n’a pas le sentiment que nos pouvoirs publics s’en inquiètent d'avantage. Et le plus grave, c’est quand ceux-ci encouragent les ambassadrices de ce phénomène, au point de légitimer leurs activités en les hissant comme des modèles dans les amphithéâtres.
À ce sujet, l'association féminine femme solution pour le changement social (FESOCS), a indiqué dans son récent monitoring sur la protection que, certains services du comité local de sécurité de Kasindi perçoivent mensuellement de l'argent auprès des fumoirs du chanvre, des maisons où la prostitution s'effectue sans aucun respect des lois du pays.
Au finish, notre responsabilité collective est interpellée. « Cette catégorie de la jeunesse qui se prostitue, c'est d'abord l'échec collectif. Sans pour autant l'encourager, la communauté doit cesser de la stigmatiser, de l'insulter.
Mais applaudir les vrais hommes concrets qui épousent nos filles pour les sublimer, au lieu de les maintenir dans le faux deal du : " sexe contre nourriture ", et aussi encourager de manière permanente les structures féminines qui se cassent en mille morceaux en vue d'assurer leur dignité ».
Certaines filles déplacées de guerre qui ne sont pas hébergées dans les familles d'accueil de façon respectueuse, se livrent à la prostitution non pas parce qu'elles aiment ce mode de vie mais en réalité, parce qu'elles sont forcément coincées dans l'ultime exercice de nouer les deux bouts du mois. Et là, la responsabilité du gouvernement central de la République Démocratique du Congo s'invite sur le plateau d'action de sauvetage et de résilience.
PAUL ZAÏDI

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