Beni : les raisons qui favorisent la continuité de l'insécurité à la frontière de Kasindi (Billet de Paul Zaïdi)
L'insécurité grandissante doublée de la violence dans plusieurs agglomérations de Kasindi sont des maux qui font fureur au coeur économique du secteur Ruwenzori en territoire de Beni au Nord-Kivu. La sensibilité potentielle à la fraude douanière, le non-respect de l'État de droit, l'indiscipline criente de certains hommes qui servent le pays sous le drapeau, la porosité de la frontière exacerbent les menaces et les dangers au vécu quotidien.
À vrai dire, l'instabilité sécuritaire à la frontière de Kasindi persiste parfois en raison de plusieurs facteurs, notamment des routes mal entretenues, le manque d'éclairage public, la circulation libre des armes à feu et de petit calibre, le trafic d'influence, le manque de présence policière dans certains quartiers pendant les patrouilles diurnes et nocturnes.
Les indicateurs défaillants de la justice
L'impunité, ainsi que les problèmes socio-économiques comme la pauvreté et le chômage, le népotisme et le clientélisme. Ces éléments combinés créent un environnement propice à la criminalité et rendent difficile la tâche des forces de l'ordre. La police spécialisée est outillée mais non suffisamment équipée, au 21e siècle les enquêtes se font traditionnellement même au lieu du crime. C'est pourquoi les tâtonnements accompagnent les résultats des enquêtes.
D'une part c'est rare de voir un bandit condamné au parquet de grande instance de Beni après son arrestation par les forces de l'ordre à Kasindi, la plupart des cas, les victimes des actes de criminalité n'ont pas la possibilité de se rendre à Beni pour charger leurs bourreaux devant le juge naturel. Finalement, la proximité de la justice est mise en cause.
D'une autre part, la corruption au sein des forces de l'ordre est aussi un problème majeur qui entrave la lutte contre l'insécurité. Les citoyens ont peu confiance dans les forces de l'ordre et craignent que les agents impliqués dans des actes de corruption ne soient pas punis, ce qui encourage l'imbroglio.
La légèreté dans la recherche d'une tranquillité
Bien que des patrouilles sont effectuées au rythme régulier, leur efficacité est remise en question, notamment dans les quartiers enclavés à l'instar de Congo ya sika, Mapathi, Muvingi, Kikemba et Vuthalevekwa. De plus, certains citoyens rapportent que les forces de l'ordre sont parfois impliquées dans des actes répréhensibles, ce qui nuit à leur crédibilité et à leur potentialité.
La négligence dans le traitement des alertes de la population au sein des forces de l'ordre est un problème majeur qui entrave la lutte contre l'insécurité. La population est peu confiante auprès des forces de l'ordre et craint que les agents impliqués dans des actes de corruption ne soient pas punis, ce qui encourage l'impunité ainsi que, les germes du banditisme.
Les enjeux sociaux qui obscurcissent la sécurité
La pauvreté, le chômage et le manque d'opportunités économiques poussent certains individus surtout des jeunes désœuvrés, à se tourner vers la criminalité pour survivre. Ces conditions socio-économiques créent un terrain orné pour la criminalité, notamment dans les quartiers défavorisés et aussi depuis la délocalisation du marché des poissons de la RDC vers l'Ouganda.
Au-delà des tractations qui s'enregistrent dans l'affaire de construction dans les quartiers Congo ya sika et Mapathi où les gens sont arrêtés, l'absence de titres de propriété clairs et la difficulté à faire valoir ses droits sur un bien immobilier créent une insécurité foncière, qui alimente parfois des tensions et des conflits et celà, sous l'égide des quelques auxiliaires de la justice moins formés et d'autres qui avaient rejoint la police lors de la rébellion historique dans la région.
Les inégalités fonctionnelles
En tous cas, l'insécurité à Kasindi-Lubiriha est un problème complexe, multifactoriel, qui nécessite une approche globale impliquant des acteurs de la société civile forces vives dans les sensibilisations, le renforcement des forces de l'ordre, la lutte contre la corruption, et des mesures pour améliorer les conditions socio-économiques de la population.
Les activités du réseau des bandits soutenu par la circulation clandestine d'armes à feu dont certains hommes en uniforme sont pointés du doigt comme complice, et les problèmes de sécurité transfrontalière. Ces problématiques interagissent avec des problèmes de gouvernance, de corruption et de pauvreté, créant un environnement propice à l'instabilité.
Au finish, l'insécurité à Kasindi-Lubiriha persiste en raison de plusieurs facteurs complexes, notamment la crise de l'autorité de l'Etat qui a entraîné plusieurs déplacés de guerre en provenance des zones sous contrôle du mouvement politico-militaire de l'AFC-M23, une situation qui engendre une promiscuité inédite.
PAUL ZAÏDI

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